Ah la bonne nouvelle! Résonnez musettes, serinez fifres, gonflez vous binious, pour fêter l'évènement car on ne reverra pas de sitôt un écrivain français couronné du prestigieux prix. Les ignares médiatisés y vont de force louanges, déclarant que l'Académie suédoise avait primé un des plus grands écrivains français vivants, mais où ces bateleurs d'estrades en voient-ils d'autres?
J'en ai déjà entendu un, un certain Traquenard ou quelque chose comme cela, qui présentait la chose comme une revanche française sur le roman américain... Réjouissons nous, en ne pensant pas aux lendemains qui déchanteront, de voir que les lettrés vikings, alors que l'on parlais beaucoup comme nobelisable d'un écrivain africain, marxiste de surcroit, donc tout pour faire frétiller ces doctes jurées, aient choisi Modiano. On présente désormais ce dernier comme le Proust du XXI ème siècle! Si si j'ai entendu cela; c'est moins bête que de le réduire à l'écrivain de la période de l'occupation, alors que moins d'un quart de ses romans se déroulent durant cette période, car la mémoire à l'instar du grand Marcel est bien le sujet de son oeuvre. Je ne vois qu'un autre romancier qui ne serait pas indigne d'une telle récompense et qui a lui aussi a mis la mémoire au centre de son oeuvre, c'est Angelo Rinaldi. Je m'étonne d'ailleurs que l'on ne fasse pas plus souvent le parallèle entre Modiano et Rinaldi (en fait cela m'tonne pas tant que cela, vu la rareté des véritables lecteurs). Mais l'ombrageux Angelo, pour un tel prix, a brûlé ses vaisseaux en se faisant incorruptible critique et en n'étant pas fidèle à un seul éditeur. Il faut bien reconnaître aussi que nombre de ses livres n'ont pas la rigueur de ceux de Modiano dont l'apparente simplicité de forme cache une science consommée de l'architecture romanesque.